Créer un institut de beauté : formalités, réglementation, statut, conseils
Le marché de la beauté a le vent en poupe, et les nouvelles activités annexes à l’esthétique le prouvent bien : blanchiment des dents, prothésie ongulaire, microblading, maquillage permanent, microneedling, etc.
Alors, créer un institut de beauté, généraliste ou spécialisé, est une aventure des plus tentantes. Nous faisons le point sur les bonnes questions à se poser, la réglementation applicable, les formalités à accomplir et le meilleur statut à adopter pour bien se lancer.
Réglementation applicable aux instituts de beauté
La profession d’esthéticienne est réglementée, elle fait partie des métiers artisanaux et est soumise à condition de diplômes. Alors, quels sont les prérequis pour ouvrir un institut de beauté, avec ou sans diplômes ?
Diplômes nécessaires pour créer un salon esthétique
Plusieurs diplômes permettent d’ouvrir un institut de beauté en toute légalité. Ainsi, il est nécessaire de posséder au minimum un CAP esthétique, mais il est aussi possible d’avoir les diplômes suivants :
- Le bac pro esthétique
- Le brevet professionnel esthétique
- Le brevet de maîtrise esthétique
- Le BTS esthétique
- La licence professionnelle esthétique, etc.
Muni d’un CAP ou tout autre diplôme supérieur, une personne physique peut ouvrir son propre salon. Et contrairement au métier connexe de la coiffure, où il est nécessaire d’avoir a minima un BP Brevet Professionnel, le CAP suffit pour être son propre patron et sortir du salariat.
Équivalences de diplômes possibles pour ouvrir un salon esthétique
Ce qui importe, c’est que le repreneur ou le créateur d’un institut de beauté soit en mesure de prouver ses compétences et sa connaissance du domaine esthétique. Ainsi, une équivalence de diplôme, appelée attestation de qualification professionnelle peut être délivrée par la CMA Chambre des Métiers et de l’Artisanat à la personne qui :
- A exercé au moins 3 années en esthétique sous le contrôle d’une personne qualifiée en esthétique
- A eu la gérance pendant au moins 3 années d’un salon de beauté
La preuve devra être rapportée par tout moyen, sur dossier, pour obtenir l’attestation de qualification professionnelle en esthétique. Ainsi, il est possible d’être à la tête d’un institut de beauté sans posséder de diplômes, il faut alors être en mesure :
- D’apporter la preuve de sa qualification professionnelle
- OU de présenter le contrat de travail et le diplôme esthétique de ses salariés
Les activités autorisées en institut de beauté
Toutes les activités se rapportant à la beauté sont autorisées, mais certaines sont réservées à d’autres corps de métier. Il est important de le savoir pour ne pas se lancer dans une entreprise interdite, ou tout simplement utiliser le bon vocable.
Ainsi, sont interdits en salon esthétique :
- Les activités de massage : elles sont proposées par les kinésithérapeutes à but thérapeutique et médical, on parle en esthétique de « modelage » à but de détente et de bien-être uniquement
- Les épilations au laser : elles sont proposées par les dermatologues car elles « brûlent » le bulbe du poil, on se penchera en salon de beauté sur d’autres formes d’épilation, à la pince, à la cire, au miel, au fil, etc.
- L’onglerie : le mot « Onglerie » est une marque déposée par la franchise du même nom, on peut en revanche parler de beauté des ongles, de prothésie ongulaire ou de stylisme ongulaire
- Le maquillage permanent et microblading : l’activité est autorisée, mais suppose une formation préalable, une attestation de formation hygiène et sécurité et la présence d’une salle stérile dédiée
À noter qu’à ce jour, l’exercice de la prothésie ongulaire, non assortie de soins de la peau et des ongles, n’est pas soumise à condition de diplôme. Il est cependant vivement conseillé de se former afin d’être opérationnel et de connaître les règles de base du métier.
Quel statut choisir pour ouvrir son salon de beauté ?
Une fois que l’on a les diplômes, les attestations de qualification ou les salariés diplômés, il est nécessaire d’enregistrer son entreprise auprès de la CMA, qui étudiera les pièces justifiant l’ouverture du salon.
Mais rapidement, la question du statut se pose. De la micro-entreprise à la SARL, les possibilités sont nombreuses et doivent être étudiées au cas par cas. Celui qui devra être choisi avec soin en fonction de l’activité, des charges qu’elle génère, du chiffre d’affaires attendu, mais également de l’investissement nécessaire pour démarrer.
Institut de beauté en micro-entreprise
Ce statut est recommandé pour une petite structure, soit une esthéticienne seule, désirant créer son institut de beauté à domicile, ou disposant d’un local payé par la mairie d’une petite commune par exemple.
En effet, les charges seront moins élevées puisqu’après avoir aménagé son local, seules les matières premières et stocks de marchandise restent à payer. En revanche, il s’agit d’une prestation de services artisanale et il ne faut pas dépasser 72 600 euros de chiffre d’affaires à l’année.
Aucune déduction n’est accordée, mais c’est un statut très simple à créer, sans avoir besoin de l’aide d’un comptable et sans formalités compliquées de création. Il peut être utile pour débuter une activité. À noter qu’il est adapté à l’activité esthétique à domicile, mais moins aux déplacements professionnels, qui ne seront pas déduits du chiffre d’affaires.
Institut de beauté en EI ou en EIRL
Ici, les charges sont déductibles du chiffre d’affaires et l’entrepreneur est imposé sur les bénéfices. Bien que les charges soient plus élevées qu’en micro-entreprise, il s’agit souvent du statut le plus adapté pour qui veut créer une affaire esthétique seul.
Il faut savoir que les charges sociales seront calculées en fonction du bénéfice réalisé et peuvent donc fluctuer d’une année sur l’autre en fonction de l’activité. L’option à l’EIRL, quant à elle, permet de protéger son patrimoine personnel en le mettant à l’abri des créanciers.
Toutefois, l’entreprise individuelle n’est pas la plus adéquate dès lors que l’on envisage d’avoir un ou plusieurs salariés. Il faudra alors privilégier une société personne morale pour un projet plus important.
Institut de beauté en EURL / SARL ou SAS / SASU
Voici le statut le plus adapté dès que l’entreprise dispose d’un local et des services d’au moins un salarié. Il permet de déduire toutes les charges et de déterminer la rémunération du dirigeant ou du Président de l’entreprise contractuellement.
Le choix entre EURL / SARL ou SAS / SASU dépend surtout du régime que souhaite adopter le chef d’entreprise. Avec l’EURL / SARL il sera travailleur non salarié et paiera moins de charges sociales, alors qu’avec la SAS / SASU il sera assimilé salarié avec les avantages que cela comporte.
Quelques conseils à suivre avant de créer son institut esthétique
Voici les bonnes questions à se poser pour faire le choix de son institut sans se tromper :
- L’entrepreneur peut-il créer sa propre enseigne ou doit-il au contraire avoir l’appui d’une franchise ? Cette réponse dépendra de son niveau de connaissance en marketing, de son réseau, de ses connaissances du milieu, etc.
- Connaitre son marché : une étude de marché et un business plan sont indispensables en fonction du lieu d’implantation désiré, il est nécessaire d’identifier la concurrence, mais également de repérer les services esthétiques manquants demandés par la clientèle
- Trouver le bon local : si l’activité n’est pas exercée à son domicile ou à celui des clients, il est essentiel de bien choisir l’emplacement de son salon de beauté pour être visible du plus grand nombre
- Créer ou reprendre un institut : il est parfois plus facile de racheter un fonds de commerce existant via un prêt bancaire, cela permet d’avoir un fichier client et de réaliser des prestation dès l’ouverture, le monde attirant le monde
- Choisir ses fournisseurs : que ce soit pour les matières premières ou les soins et produits de maquillage disponibles à la vente, se démarquer de la concurrence avec des produits haut de gamme ou rares peut être un avantage de taille
- Avoir un site internet : souvent négligée, cette étape est pourtant devenue incontournable, avoir une fiche Google My Business et un site web référence localement avec prise de rendez-vous en ligne est un atout indéniable pour trouver ses clients
- Communiquer : une fois l’institut décoré, la carte des prestations mise en place, communiquer sur l’ouverture de son salon, via les journaux locaux, les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille peut rapidement faire la différence
Le projet entrepreneurial pour l’ouverture d’un institut de beauté doit être mûrement réfléchi en amont pour éviter les investissements importants sans que la clientèle ne réponde à l’appel. Il est possible de se faire accompagner d’un conseiller en création d’entreprise pour mettre toutes les chances de son côté.
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